Le postier et la junkie
Il jette les paquets du self-retour dans sa camionnette jaune. C’est saoulant le « self-tout », on finit tout seul face à des paquets biscornus insatisfaisants et muets. Il en a marre de la solitude au cœur de la ville à ouvrir des armoires anonymes le long du mur de la Poste. Il transpire, il est rougeot , c’est fatigant. Quand il a fini son travail insensé, l’employé de la Poste se retourne pour prendre le volant de son véhicule. Il la regarde mi-inquiet, mi-attendri . Elle fout quoi cette jeune à regarder dans le vide au bout de sa clope? Elle a l’air perdue, triste, désabusée. Faut quand même lui dire quelque chose, qu’il l’a vue même si les autres la frôlent sans faire attention. - ça n’a pas l’air d’aller Madame. - Non non, ça va. Je vous assure. J’attends juste un ami. - Vous êtes sûre? - Oui oui. - D’accord alors bonne journée! Il s’en va au volant de son fourgon jaune. Elle repart titubant au bras de l’ami qui lui tend ce qu’elle avait demandé.