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Affichage des articles du juin, 2023

Aux thermes

L'odeur de la mousse à raser. Celle des hommes nés pendant "la guerre". Un bonnet rouge à fronces sur la tête, des lunettes d'une marque italienne, Madame Mayor papote avec Violetta. "Vos rosiers sont si beaux! Comment faites-vous? " On barbote dans les eaux thermales un matin de semaine. Les maisons sont étroites, proprettes, les rosiers grimpent le long des façades anciennes. Les petits jardins embaument une lenteur de vivre, un rythme de XXe siècle, d'ouvriers des CFF à la retraite dans un quartier d'immigrés.  Au loin, à l'horizon des Trente glorieuses, je vois ce couple tout étonné et humble. Les jeunes gens s'installent dans cette petite bâtisse qui sera leur idéal. Dans ce potager, à l'arrière de la maison, ils cultiveront leurs valeurs, celles des anciens qui leur plaisent et les plus modernes qui leur permettront de rêver.  A l'odeur des rosiers en fleurs, je comprends pourquoi j'ai ce si doux souvenir quand je vois ces m

Le temps des cerises

 - « On n’est pas des sauvages! » Ce n’est pas grand-maman Odile qui le dit, même si on l’entend dans la voix de son petit-beau-fils-qu’elle-n’a-pas-connu. Les références d’une famille passent d’une génération à l’autre par les mots, les représentations, les histoires qu’on se raconte, les chants, les lieux … Une tradition pour les conformistes, un moment de convivialité pour les libres : le pique-nique des Michel. Il a eu lieu aujourd’hui. Quatre ans qu’on avait oublié de l’organiser … L’oncle septuagénaire a pris les choses en main,  il a pu obtenir ce lieu si cher à tous : la pétanque,  cise sur un ancien terrain de la famille. Le verger qui s’étire derrière la buvette est toujours là, immuable, les mêmes cerisiers, la même vue sur le lac. On a vendu les terres mais aujourd’hui, la famille peut quand même y cueillir les dernières cerises de la saison, permettant aux plus petits de vivre ce temps béni à jamais gravé dans les esprits et le patrimoine commun. L'écorce des cerisiers

Mamma Roma

Il avait emprunté le titre au néoréalisme. Pourtant l’histoire se passait au siècle précédent. C’était un hommage à Rome, la ville de tous les rêves et de toutes les réalités. Il racontait l’Histoire par les histoires. On s’attachait à ses personnages parce qu’ils avaient du cœur.  J’avais écrit un article, le seul accepté par le quotidien fribourgeois, concernant son livre de 685 pages lues en 5 jours. Je le lui avais transmis. Le 21 novembre 2021, il me remerciait « di cuore ». Le grand écrivain m’avait répondu. Cette humilité m’avait émue et m’émeut toujours.  Paix à son âme, grande mais proche des gens.