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Affichage des articles du janvier, 2021

Voleurs ...

... d’un espoir d’un exutoire  d’un bonheur d’un statut  d’une dignité  d’une survie voleur devant son fils, devant Dieu, devant la société, devant la fatalité; Voleurs de bicyclettes.

La prison dorée

 « Tout , tu as tout! » me crie ma conscience. Eh oui, j’ai tout, même l’ennui et le sentiment d’enfermement. Le matin, j’enfile mon masque par les oreilles, le soir, je le retire d’une main. Je parle masquée, je me déplace masquée, je vis un carnaval quotidien. Comme tout le monde, j’obéis et me plains. « Plus de perspective, plus de projet, un agenda vide et des amis sur Facebook. » Je rêve d’Italie, comme avant, sans pouvoir concrétiser mes désirs. Nous sommes des reclus dans une prison dorée: nous avons accès à tout... depuis notre canapé. D’autres en ont rêvé. Nous vivons sans perspective, en 2D; comme dans une icône médiévale. Il faudrait désobéir pour sortir du cadre et regagner notre liberté; au risque de s’exposer au satané virus. Dehors les monstres, dedans le vide. Alors lisons, lisons pour voyager, nous évader, sortir du cadre et rêver d’une autre réalité. 

Gautier

Il a tout donné ce soir à l’Elbphilharmonie, avec un orchestre réduit, devant une salle vide. Il fait corps avec son violoncelle, le balance et le caresse pour nous donner les sons les plus profonds , de ceux qui trouent l’âme tellement c’est fabuleux. C’est toute sa vie que Gautier joue sur chaque note, il étend les sons jusqu’à l’infini du silence dans la plénitude d’une phrase. Capuçon joue comme un dieu, non , comme un homme car son instrument est le prolongement de lui-même. Il sert la musique, son corps résonne  comme la caisse de résonance du violoncelle. L’instrument est si humain, l’homme est tellement musique. On dit : « Merci l’artiste, merci le compositeur. Un peu de profondeur a percé mon âme. »

Echec

 et mat.  Ce jeu de stratégie, guerrier, sans merci donne le pouvoir à la reine. Le roi, pataud, ne peut se déplacer que d'un pas lourd en majesté. Madame peut tout faire, sauf sauter, bien entendu. Elle est si puissante qu'on la convoite et qu'on la vise avant même Monsieur, qui pourtant, fera l'issue du jeu. Les pions s'inclinent, les cavaliers s'écartent, les fous laissent passer, les tours n'ont qu'à bien se tenir! Les dames savent ce qu'elles veulent. C'est facile, elles font tout! Multitâches, ces dames se lancent, tambour battant, à travers l'échiquier, quitte à se sacrifier pour sauver le roi. Et mieux encore: la reine peut renaître de ses cendres! Du simple pion, elle devient altesse. Pour cela, elle devra vaille que vaille percer le front adverse pour arriver en plein camp hostile pour mieux, finalement, défier le roi belligérant. Un vrai Stakhanov cette petite dame! On l'admire, on l'envie, on la veut! Madame connaît ses ap

Exercice sur table

 Je suis née en 1983; je suis donc de l'autre siècle. Ce siècle où l'on téléphonait plutôt que d'envoyer un messager, ce siècle où l'on cuisinait des raviolis en boîte, ce siècle qui gardait les traces d'un monde divisé en deux. Pour moi, le XXIe siècle, c'est l'informatisation et la numérisation. On tient le monde au bout de sa main, comme un prolongement de soi. Les idées, on les reçoit mais on les conçoit peu. On vit derrière un écran sans jamais le percer. 2021 sera, je l'espère, la fin de la pandémie, la chute des masques, un retour à l'humanité, qui manquait déjà cruellement, et un retour à l'art, qui est l'identité de l'homme.

Premier texte de l'année

 Le 1er janvier, c'est un lendemain d'hier comme les autres, fois mille. On a vécu LA soirée de l'année (en temps de pandémie c'est beaucoup dire), on a tout misé sur l'ultime parce que c'est un anniversaire, un passage, un creux qui donne le vertige (alors on a peur de mal fêter le saut surtout quand il paraît si incertain) ; et on se retrouve à ranger le lendemain, balayant les serpentins et les miettes d'une année chaotique et effroyable pour le genre humain. On débiote la carcasse du chapon, on essuie le gras qui coule sur le buffet de cuisine, on remise les restes pour s'en resservir toute la semaine, on lave les nappes, on remet la table à sa juste place. On a l'impression d'avoir vécu une illusion, un moment festif alors que rien ne le permet. La nostalgie est là, assise au coin du banc de la cuisine. Elle nous observe, mélancolique et souffle des effluves d'un vin d'antan, quand rien ne nous empêchait d'ouvrir une bouteille po