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Affichage des articles du juillet, 2020

Ouchy, samedi, 23h.

Les badauds ont déserté les quais. Pourtant, c'est samedi soir, après une journée estivale à souhait. Un couple partage une bière, assis sur le muret; une famille se hâte de rentrer ses bambins fatigués, des cyclistes optimistes cherchent une chambre pour la nuit, deux bobos avertis font quelques pas après un souper italien bien arrosé. "Une passeggiata" égrenée le long des "la croisette" lémanique. Les quais sont piétons, conséquence du Covid, les gens sont en vacances jusqu'à minuit, Covid oblige.  Nos deux bobos s'en retournent vers leur chambre, là où Lord Byron s'inspira du château de Chillon. Ce soir, ils sont plutôt "bourgeois" que "bohème", dans un décor très XIXe, aux réminiscence romantiques. (D'ailleurs, l'écrivain britannique n'était-il pas un peu bourgeois, pardon, "aristo", avant d'être "bohème"?  Cette nuit, les quais seront calmes jusqu'au petit matin, qui verra alors les jog

Yin yoga

"Détente profonde et travail sur les fascias." On tient des positions très longtemps pour détendre les muscles et les articulations en profondeur et on respire, on se penche en arrière, on roule et on déroule la colonne, on la tord et on la détord. ça fait tellement de bien! Et puis il y a cette musique: un peu de piano, une mélodie nostalgique accompagnée par des violons monochromes. On se croirait face à un film allemand du mercredi après-midi pour grand-mère désoeuvrée, qui se passe sur des côtes lointaines, irlandaises ou écossaises. Et puis, il y a toujours des tensions insolubles, des retrouvailles inespérées et des histoires d'amour qui finissent bien. Cette musique continue et m'emmène dans le spa voisin, où l'on aurait choisi "musique de film" en fond sonore. Musique de film romantique américain, filmé sur les côtes de la mer baltique, en Prusse orientale. Ou alors, on se croirait dans un film coréen des années 2000, sombre et langoureux. "

C’est le temps idéal pour inaugurer le pavillon!

Accrochés à la météo, chacun y va de son message rassurant tout au long de la journée. « Temps radieux dès 17h! » « Belle soirée, dernière pluie à 15h. » 17h30,   une partie de la famille teste le pavillon, en attendant les autres. Il pleut des trombes. S. arrive, désabusée, elle ne fera pas ses hugos dans ces conditions. On rentre l’apéro.  Au salon, les cousins goutent aux grisini et au houmous de grand-mi. Ils s’en donnent à cœur joie. Tout le monde est arrivé. Ni une, ni deux, les cousins se mettent au piano et entament un 8 mains des plus bruyants. On parle fort, on se coupe la parole; du coup, on ne sait même pas quand V. déménage son atelier ni quand il l’inaugure.  L’orage se calme. On reprend d’assaut la terrasse et on déguste le poulet chasseur de grand-mi. Elle a aussi fait trois desserts. Elle en fait toujours trop, mais c’est du bonheur pour les papilles! P. est aux anges, il applaudirait bien avec les pieds, mais il pense à son dos.   Et puis, il est tard. Alors on met le

Igea Marina

« Tra le mie braccia dormirai serenamente ... » Karaoke devant un petit hôtel de l’attachante Igea Marina. Une vieille dame grisonnante chante avec entrain une chanson typique et les passants entonnent la rengaine, l’œil humide. Ce soir, il y a foule, c’est vendredi. La passeggiata est dense et les attractions plus nombreuses. Les familles se promènent, les vieux se mêlent au bruit, masqués. Il fait bon, la brise marine rend l’atmosphère fort agréable. On prend un café sur une terrasse parce qu’il fait bon, parce que c’est la moitié de la promenade vespérale. Et puis, on revient par la mer, pour changer, pour l’admirer une dernière fois et pour voir les lumières des bateaux à l’horizon.  Demain, ce sera samedi. On ira à la plage comme d’habitude, on fera des châteaux et des circuits de boules; puis, on se baignera dans l’eau tiède mais transparente. On saluera Sandro au passage, qui nous accueillera de son sourire chaleureux, le balai à la main. A midi, on prendra l’excellent pranzo so

Dimanche traditionnel

Charbonnade sur le balcon, aussi grand qu’un lit une place. E. et C. assis entre leurs parents et leurs grands-parents, la bavette au cou, dégustent avec envie le repas familial arrosé des bonnes sauces de grand-maman. La pièce a été rafraîchie auparavant, la fenêtre est tout de même ouverte pour laisser passer le grilleur du dimanche. On mange bien, beaucoup, on déguste des canons, on goûte au bonheur d’être ensemble, on rit, on s’enflamme pour un rien ou pour tout.  Puis vient le moment de la sieste, après un dessert de luxe confectionné par grand-papa : la fameuse tarte au vin cuit et ses accompagnements, les enfants simulent un petit somme bien trop court. Alors ni une , ni deux, on s’empare du jeu de pétanque et on s’en va gaiement lancer les boules à l’ombre d’un arbre qui a vu grandir les générations dans ces immeubles défraîchis. Les voisins ont un tapis aquatique où se glissent tous les enfants du quartier, certains sont assis au pied de l’un de ces arbres anciens pendant que

Norma

-T’as vu à l’opéra de Zürich il y a ... -Norma! On va l’écouter ? -Alors moi j’y vais avec François. -... Il aura fallu attendre quelques années avant que j’aie la chance d’écouter le chef-d’œuvre de Bellini. Un soir de déconfinement, dans un salon digne d’un petit intérieur bourgeois, affalés sur le canapé suédois, nous sommes happés par les notes bouleversantes de cette tragédie. Malgré un décor franquiste et austère, Norma nous emmène sous les cieux d’un « Casta diva »  d’une finesse et d’une pureté légère et touchante. Le drame est profond, les enjeux complexes et entremêlés. La jalousie, la haine, la patrie, le devoir, la justice, l’amour sacré, l’amour profane, l’amour filial, la piété, la pitié, le pardon, le sacrifice. Toute l’épaisseur des sentiments humains sont là et vous soufflent au passage, deux heures durant, telle une bombe émotionnelle. On admire la matrone, on déteste l’infidèle. On prend la diva pour une folle, on déplore l’amitié des deux rivales. On s’insurge, on c

Fin d'année...

Les minutes passent, Lentes, trop lentes, Brouhaha,  Insultes, Violence verbale, Violence physique, Bang, Hé, Bataille, « Un point, penalti", "On pourrait pas voir un film?" Aucun sentiment d'amour Face à une classe sans classe, Une horde d'adolescents puants, Les futurs citoyens... Il fait chaud,  Ils sont arrivés en retard, Ils montent sur leurs grands chevaux, Invoquent leur père, Perdent.