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Affichage des articles du juin, 2020

Vacance

Tudutut, tudutudutut. Personne. Abonnée absente. Vivre pour soi loin des agressions quotidiennes. Turlututu. Vacances à la mer en famille et en pleine conscience.  Driiiiiing. Personne pour les assurances ou les publicités colporteuses. Ding dong. Vacance. Convalescence loin de tout, au bout de mon lit. Spriiiitz. Apéro au Port. Enfin, on sort! Dzoing. Souper avec les copines. Insouciance. Tchhhcht. Grillades sur la terrasse. Sangiovese dans le verre. Pavillon sur nous têtes. Santé, Farniente, C’est l’été!

Premier anniversaire

L’averse est venue mouiller une fête en préparation. Heureusement, la tonnelle des Michel a protégé le gâteau! S. s’agite car elle veut que cette fête soit parfaite. On sert un cocktail raffiné, on pique des cerises bien présentées, on déguste une tartelette, une mousse au chocolat ou un tiramisù. Et puis, vient le gâteau de la marraine : en forme de cœur, avec des baies des bois. E. aide la jubilaire à souffler sa première bougie. On est heureux, on est ému. Il fait beau, il fait doux, les arrière-grands-parents sont assis à l’ombre du cerisier, les enfants jouent avec les nouveaux jeux de L. Elle ne le sait pas, ou plutôt, on croit qu’elle ne le sait pas, mais la petite fille a offert un bel après-midi d’harmonie à sa famille réunie pour célébrer la vie.

Une fête de famille

Un an plus tard, la même famille se retrouve, non pas sous les oliviers toscans, mais dans une cave voûtée avec terrasse donnant sur la Sarine et ses accessoires. Un groupe de jazz met l’ambiance : on a des envies de fête, des envies de danser, des envies d’oublier. Les apéritifs sont orientaux et servis par d’aimables collègues de M. Elle part à la retraite et son mari aussi. Alors leurs filles se sont dit que l’on pourrait fêter cela! Dans une salle de mariage, dans un cadre idyllique avec une ambiance pareille à une noce, mais timide et mesurée, fin de confinement oblige.  L’orage est passé, le soleil brille à nouveau et on peut goûter en toute insouciance aux pizzas de Massimo sur la terrasse prêtées par les moines pour l'occasion.  I. pousse un grillage au bout de la terrasse pour inviter Émilien et Cécile à admirer le parc du MAHF. Une pluie d’or recouvre le sol: le tilleul a séché et les deux bambins en font de tas « pour aider le concierge ». On discute, on écoute, on se da

Les mouettes

Elles nous narguent tout au long de l'année, de leurs cris plaintifs, en tournant sur les tours de Fribourg. Pourtant, nulle mer, nul lac, nul océan; rien qu'une rivière et un minuscule lac artificiel. Pourquoi diable viennent-elles jusqu'ici? Ont-elles faim? Ont-elles chaud? Sont-elles sarcastiques? Peu importe leur raison d'être là, le mouettes nous rappellent notre humble condition d'êtres, dotés de souvenirs et de désirs nostalgiques et lacustres.  Ici, on n'a pas de barque ou de plage. Les jeudis après-midi d'été, on ne va pas piquer une tête à "la plage à Guido" ; mais on s'adonne à des activités citadines, moins essentielles, plus empressantes. Les dimanches d'hiver, on ne jette pas de pain aux mouettes, on s'en va faire un tour près des lacs de montagne, sans mouettes, sans cris, sans envol. Dès qu'on entend leurs cris, on se souvient des promenades le long du chemin Saint-Marc, les après-midi en barque avec grand-papa, des

L'écrivain

Il a une belle voix; il dodeline de la tête quand il parle, alors elle tremble un peu, sa voix. Il lance des thèmes pour ses ouailles, se prend au jeu. Il écrit dans son calepin bleu, là où "seuls les poètes composent". On dirait du Ramuz: il y a plein de "ça" et de "on"; il parle de presque rien pour exprimer ce qui pique, ce qui touche. C'est son style, qui s'étire le long des pages. Quand on le lit, on entend sa voix de basse; c'est ancré; c'est bien là, mais c'est dérangeant, ça interroge, ça met mal l'aise. On aimerait qu'il soit moins cru, moins hyper-réaliste. C'est son style, c'est comme ça. 

L'atelier d'écriture

Ils aimaient écrire, ils ont pris la plume; un soir, à 19h30, au Tunnel. Ils ont bu du Samos, parce que c'est ça qu'on boit là-bas. A l'ombre d'un lustre trop rustique, ils ont écrit pour le plaisir, pour se lire. L'un a fait du Ramuz, l'autre du Baudelaire et un peu de Boris Vian. L'une était torturée, c'est de son âge; l'autre était idéaliste, c'est attendu. Lui était timide, mais il a osé; elle s'amusait, les autres ont ri. Les idées ont fusé, un embryon d'art est né. On s'est cru créateur, vivant, inspiré, inspirant. C'était bien. C'était super! Alors on refera, on se prendra au jeu; on se prendra pour eux. On créera parce que c'est ça, parce que c'est juste, parce que c'est humain.

Triangle (atelier d'écriture)

On va prendre trois parasols. Mais on les choisit disposés en triangle, comme ça les enfants pourront jouer au centre et on sera peinards sur nos chaises longues. Le triangle c'est super: ça réunit sans entamer les personnalités. C'est un peu la grappe de raisin avec tous ses grains indépendants reliés entre eux. C'est un peu le fédéralisme: la loyauté dans le respect des individualités. Bon, c'est aussi la trinité, mais cette bande de machos en trio, on les laisse à d'autres. (Même s'ils ont inspiré l'art du Moyen Age à aujourd'hui.) Trois c'est toujours bien, ça permet de n'être jamais seul quand l'autre va aux toilettes. Et puis, c'est moins impressionnant que le cercle, trop parfait, plus intéressant que le carré, trop terre-à-terre, plus symétrique que le trapèze, trop indécis. Le triangle ça réunit tout le monde, c'est précis, sans doute ni opacité. C'est sûr, c'est vrai, c'est juste. Le triangle isocèle de préférenc

Monsieur M.

Monsieur M. porte une chemise blanche sans aucun plis mais jamais de blouse. Son pantalon est assorti à ses yeux malins. Stylé jusqu'aux pieds, Monsieur M. se vautre sur son fauteuil et croise ses baskets à la mode. Monsieur M. enduit ses cheveux de gel et mâche toujours un chewing-gum. Il vous accueille d'un "Salut" et vous touche le coude ou l'épaule. Son cabinet est rempli de curiosités animalières, au point que l'on se croirait dans l'anti-chambre d'une exposition universelle du début du XIXe siècle. Monsieur M. choisit ses collaboratrices pour leur physique et ses patients pour le fric. La quarantaine rugissante, Monsieur M. vous fait un clin d'oeil quand il vous croise dans la rue. Monsieur vient de France. Il vous trouve toujours une otite ou une sinusite et vous refile des antibiotiques. Monsieur M. c'est mon généraliste.