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Affichage des articles du octobre, 2023

Aller au cinéma en 2023

Dimanche 16h25, au cinéma qui fut le plus grand de la ville au siècle dernier. Six personnes à deux minutes du début. Une cornet vanille dans la main, les pubs commencent. Les mêmes lancements qu'à l'époque, il y a longtemps, lorsque je suis venue la dernière fois... Les sièges ont gardé l'odeur des cheveux fatigués des spectateurs d'antan ; la salle est trop grande pour une représentation à 90 francs.  J'aimerais raconter à mes enfants, qu'au XXe siècle, aller au cinéma était une fête. On se faisait joli, on prenait un sac à main, de la monnaie pour l'entracte. C'était la sortie du samedi soir. La salle était comble à 19h45, le film commençait à 20h. Le spectacle était toujours grandiose, on en parlait encore des mois après. On rencontrait des gens, on se sentait membre de la société. On avait fait ce qu'il fallait pour être dans l'air du temps. Comme il n'y avait pas d'entracte, nous sommes allées faire pipi à la sortie. Et là, ma fille

Sonate au Clair de lune.

  « Tu me joues le Clair de lune ?  Ma maman me le jouait souvent. » Le vieillard édenté et tanné regarde la jeune pianiste, une étincelle dans son regard jusqu’alors perdu dans un horizon nébuleux. Touchée, l’amatrice de piano, de passage pour quelques mois dans la ville des Médicis, cherche, s’affaire, trouve, photocopie la partition. Le jeudi suivant, l’enfant de huitante ans est au rendez-vous. L’étudiante joue pour lui. « Ce n’est pas ça. » Non, bien sûr, elle avait pris Debussy. Elle reviendra avec Beethoven. Le jeudi d’après, au centre social installé dans une église désaffectée, la pianiste hebdomadaire déchiffre la sonate au Clair de lune de Ludwig van Beethoven. Le vieillard s’appuie sur le dossier de sa chaise en bois. Il sourit, il a entendu cette pièce que sa maman lui jouait enfant. Une berceuse à huitante ans, c’est comme un cadeau du ciel.

Un brunch dominical

Dimanche d’octobre, l’été indien s’étire, les forêts dorent leurs feuilles pour rappeler la saison. On s’endimanche comme à l’époque pour la grand messe. Evidemment, on va au brunch Arsis, pas au loto de la gym-homme… Il faudra être élégant, heureux, bien dans son rôle même s’il n’est plus le même.  La salle est accueillante grâce à la minutie de celles qui ont imaginé la décoration. C’est classe, le buffet regorge de mets appétissants. On passe avec du prosecco entre les tables. Les gens sont beaux, comme prévu, détendus. On retrouve ces personnes qu’on n’avait pas pensé croiser ici en ce dimanche midi.  Les générations se mélangent, il y en a une de plus qui écoute assise pas terre… le chœur de jeunes a 15 ans… ses choristes le double voire le triple. Les voix sont toujours aussi belles, on comprend l’exigence en amont et l’intelligence sûrement. Tout à coup, un bis, les anciens sont appelés à rejoindre les rangs. On hésite, on attend, « maman, vas-y! », d’un bond, on redevient , l’e