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Affichage des articles du février, 2023

Heidi à Paris

Paris c’est pas loin. Ouais, mon œil! Heidi prend son sac d’école trop lourd, sa petite valise trop pleine, elle s’en va vers LA culture. Elle promène sa curiosité le long de la Seine parce qu’il y a grève et qu’il faut se débrouiller pour se déplacer. Le pont des Arts glisse sous le givre matinal. A l’aube, le ciel parisien est rose, comme dans la chanson. A l’école, on ne se moque pas de son accent, on le trouve joli, chantant. On apprécie sa vision floue des choses, qui laisse une part à l’interprétation. Peut-être que c’est ça la démocratie helvétique: le droit au vague. À Paris, Heidi trouve que les gens sont aimables. Elle ne les envie pas, eux qui vivent la moitié du temps sous terre et l’autre loin du ciel. À Paris, Heidi se sent seule. Elle ne pensait pas. La liberté, c’est pas son truc. Elle aime les contraintes, celles qu’elle se met toute seule, par sécurité.

Se promener dans une bibliothèque ancestrale.

La proposition d'écriture est lancée. Une demi-heure. Je ne dois pas écrire. Mes lombaires m'expulsent de ma chaise à demi-bascule. Frétillante mais discrète, je me laisse aller à des errances bibliophiles. Je me revois étudiante au collège, découvrant avec enthousiasme la littérature, la philosophie, Jaspers, Delerm (même si je n'aime pas la bière). Quelle chance pour ces étudiants d'avoir un monde à portée de main : l'univers de la pensée et de l'art. On leur offre un échantillon du trésor de l'humain. Ils sont trop jeunes, ils ne savent pas que c'est un privilège ; que dans la vraie vie, leur déclaration d'impôt se foutra pas mal de Louise Labé ; que la philosophie de Platon ne se limite pas au mot "platonique" ; que les mythes, s'ils ne les connaissent pas, disparaîtront comme les dictionnaires. Si Kevin ne s'intéresse pas à la poésie, comment lui expliquer qu'une partie de foot est un condensé de la vie ? Si le jeune footba

« Parla più piano ».

Trois week-ends dédiés à la trilogie du « Parrain ». La tragédie moderne. La musique est déchirante, les acteurs si crédibles qu’ils ont trouvé là le lancement de leur carrière. Le destin de gens qui avaient des idéaux, tout en ayant les pieds dans la misère, le nez vers la légitimité. Une illusion hors d’atteinte puisque l’homme est homme… un désarroi face au désastre d’une vie dédiée à l’élévation pour la survie et la sauvegarde de la famille. Elle qui est tout, comme dans ce village lointain de Sicile, comme dans tant de villages. Cette nostalgie d’un passé ancestral et idéal. Un passé de vengeance et de valeurs. Un passé dont l’essence coule dans leurs veines.

Le 1er février, c’est l’anniversaire de belle-maman

18h, le salon d’un appartement au rez  d’un immeuble vénérable des années 70. A l’époque, promesse de beaux jours pour jeunes couples en ménage, aujourd’hui, façade en eternit aux relents de Trente Glorieuses.  Peu importe, quarante ans qu’il accueille les heures de cette famille originaire du village, devenu dortoir. Les générations s’y mélangent, comme autrefois. Les grands-parents accueillent les petits-enfants autour d’un sirop et quelques canapés. Dans le studio aménagé, on entend toujours jouer du violon et du piano. Ce soir, c’est mercredi, et pourtant, ils sont tous réunis dans le petit salon. La chambrette est installée, chacun y trouve sa place. Le patriarche a organisé un apéro-dînatoire pour la petite famille. C’est l’anniversaire de grand-maman Anne. Émilien ouvre le buffet, Cécile sautille, Héloïse est chagrine. Même l’oncle est venu, lui qui sort de maladie. Ce soir, c’est un crépuscule comme on le souhaiterait : une célébration de la vie, une revanche sur la misère huma