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Affichage des articles du août, 2019

Exercice d'écriture: c'est la rentrée

Il m’accompagne partout. C’est ma fidèle mémoire, mon écritoire. En version papier, pour le côté pratique, pour le côté rétro, parce que je suis née au XXe siècle et que son format me rappelle un autre objet essentiel de mon quotidien. Si on le trouve, on découvrira une partie de moi, si je l’oublie, c’est ma perte : adieu les rendez-vous et les relations humaines. Cette année il est vert parsemé de plumes rouges, bleues, jaunes. Un élastique permet de le clore comme une sécurité à mon intimité. Un ruban jaune en guise de signet, pour l’élégance certainement. Il ne serait rien sans ma fidèle plume, qui s’élance sans scrupule sur ses pages immaculées. L’année prochaine, il sera tropical, en souvenir de l’été qui finit toujours trop tôt. Je l’aime parce qu’il me guide tout au long de l’année à travers les semaines et les jours. Il est mon compagnon et le dernier de mes souvenirs :  mon agenda.

La ville sans âme

Monumentale, la gare. Puis, si on gratte un peu, on comprend que son style a été voulu par ... un dictateur. Moins monumentale. Chaleur moite, rues désertes, aucune sirène à l'horizon. Métro: à l'aise. Des églises romanes pourtant, mais lombardes aussi: de briques et de briques. Des racines plantées dans un empire romain chrétien et décadent, un âge médiéval certainement florissant, puis les banques, les banques et les banques. Et le shopping? Oui, encore faut-il le trouver... Mais la classe? Oh oui, parfois, au détour d'une rue piétonne de Brera, évidemment. Heureusement, il y a les Navigli: les bobos ont frappé. Des anciens entrepôts longeant un canal autrefois nauséabond devenu échoppes et trattoria à la mode, désertées la journée, bondées en soirée. Finalement, on peut trouver quelque âme à Milan mais enfin est-ce vraiment l'âme des Italiens?

Art: et le XXIe siècle?

Au XXe siècle, on a reconstruit les réalités, accentué, déformé, épuré jusqu'au néant, "essentialisé".  Mais que reste-t-il au XXIe siècle? On s'essaie aux nouvelles technologies, on s'inspire des anciens, on réalise des performances. C'est l'éphémère qui règne tant l'existence est volatile.

Forcée de resquiller

 « J’aurai six ans au mois de novembre . » « Tu le dis en prenant ton nounours sous le bras. » Non, ce n’est pas une Rom qui conseille sa fille, ni même une baby-sitter mal intentionnée. C’est bien grand-maman. Ma grand-maman P. prête à mentir pour voler quelques sous à l’Etat et surtout économiser, économiser tant qu’on peut. Lors d’une excursion en Suisse-allemande, je me souviens de cet épisode en voyant une grand-maman accompagner trois petits voyous. Moi aussi j’ai fait ce trajet, petite, avec ma grand-maman et ma sœur, mon lion sous le bras et l’âge qu’on voulait bien me donner. Vers la fin du parcours, arrivait le contrôleur alémanique qui posait sa question fatidique ou qui n’avait même pas besoin de la poser tant j’étais entraînée à répéter sagement : « J’aurai six ans au moi de novembre »... du haut de mes sept ans... Alors, grand-maman attendait toujours le compliment qui ne tardait jamais : « Oh! Vous êtes la grand-maman! Vous auriez pu vous faire passer pour leur maman! »