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Affichage des articles du novembre, 2021

Stride la vampa

 Il trovatore chante dans les coulisses, Leonora tombe amoureuse, le comte n’est pas d’accord. Une malédiction par-dessus cela et une mère vengeresse, on est face à un opéra, verdien. Ambiance épurée , costumes tout droit sortis d’un film fantastique des années huitante, l’orchestre joue avec finesse et passion, les chœurs sont virils et impliqués. Le trouvère est amoureux , le comte aussi…. Leonora choisit son amant pour son doux chant.  On raconte une histoire affreuse de flammes, de sorciers et d’enfant. Personne n’ose y croire et pourtant, la vengeance est là, entre les rets de la tzigane .  La douce mais puissante soprano s’est sacrifié pour son amant, qui croit à une trahison. A la fin tout le monde est mort, la malédiction a opéré.

Le champ des possibles

«  Le champ des possibles  » …. On l’entend parfois et il résonne en nous pour toute une journée voire une semaine. Il énerve et interroge. Le champ,   campus , agricole ou militaire ? Parce que si c’est   campus   et non   ager , on imagine le champ de Mars et ses soldats restés en dehors de la Ville. C’est militaire, carré, grave.   Ager , c’est plus bucolique, fleuri, doux. Mais ce n’est pas la bonne étymologie. Enfin, de toute façon, entre le légionnaire romain ou l’agriculture idéalisée, nous n’y sommes pas.   Serait-ce peut-être :  le chant des possibles  ? Tout de suite, on imagine un chœur de patriotes ou une chanson engagée parlant du pouvoir de chacun de changer sa vie… Ou pas. Sont-ce alors éventuellement les « possibles » qui chantent ? Et là, on imagine des « possibles » en aube bleu roi chanter du gospel dans une église évangéliste américaine…Non plus. Mais qui sont-ils ces « possibles » ? Ont-ils seulement une existence ? Que dit le dictionnaire en 2021 ? Oui : ils exist

L'ivresse de la tragédie

Le théâtre n'existe pas seulement pour divertir. Il questionne et dénonce, vous envoie la réalité en pleine face, remue vos tripes jusqu'à la nausée et vous sert la cruauté de certains traits de l'humain.  Virginia Woolf n'y est pour rien. Paix à son âme. Pourtant elle veille en bienveillante protectrice de l'art littéraire anglo-saxon.  Les personnages s'entre-déchirent et se noient dans les limbes de la misère humaine. C'est d'une violence intense dès le début pour terminer en requiem lancinant après deux heures d'insultes et de destruction.  On subit, puis on commence à comprendre; on est interloqué, on s'enfonce dans son siège et on finit par applaudir la prouesse de comédiens. "Qui a peur de Virginia Woolf" est passé sur nos scènes fribourgeoises et c'est véritablement un chef-d'oeuvre qui s'offre au public, joué par des experts de l'art dramatique.

La chanson argentine

 Maria de la Paz chante Lhasa. Jeudi soir , 20h, la chanteuse svelte et vêtue de sombre entre en scène avec ses musiciens experts et sentimentaux. Espagnols, français, anglais, les chants s’enchaînent et offrent au public une chaleur et un besoin de vivre endiablé. La voix d’alto de Maria est chaleureuse et presque rauque. Elle déclame, chante , danse, donne son âme pour l’art; parce que c’est la raison de vivre de l’humain.  Les sentiments sont profonds et vitaux. Ils viennent d’une force quasi tellurique. Le temps passe vite; on l’applaudit, elle revient, entonne une autre chanson de Lhasa. Le public est conquis et il dormira à Buenos Aires ce soir. 

Une brisolée

Une tradition plutôt valaisanne que l'on reprend ça et là pour son côté populaire et rassembleur. A Font, elle a toutes ses raisons d'être puisque ses forêts regorgent de châtaignes. Les hommes du village ont revêtu la chemise des paysans, ils fendent, trempent, grillent les petits fruits riches et goûteux. On s'installe au bout d'une tablée préparée dans la salle ancestrale, carrée en bois,  toit à quatre pans, simple vitrage. On y lève les danses, on y joue sur la petite scène. Il y a même un piano, au besoin. Il doit sonner comme dans un saloon. La salle en bois est le centre du village depuis des siècles. Elle les a tous vus rire, médire, danser, boire et chanter.  Quand on  s'aventure à la brisolée, on participe à un acte de mémoire gardé jalousement en ces murs fins, qui laissent passer le courants d'air. On se rappelle du théâtre en janvier près du poêle d'un autre siècle, on se souvient de la Bénichon. On a vu passer ces fêtes, plutôt de loin, on sai