Articles

Affichage des articles du août, 2023

La Traviata aux arènes

22000 personnes réunies dans l'enceinte de l'amphithéâtre de Vérone pour assister à une cérémonie que tout un chacun devrait avoir la chance un jour de vivre dans son existence.  La Traviata, la dévoyée, Violetta à Paris au XIXe siècle. Elle est libre "sempre libera", elle fait la fête, elle tombe amoureuse. Alfredo, le jeune homme de bonne famille, candide mais joueur, pris par la flèche de Cupidon lui aussi.  Les décors sont somptueux, les costumes authentiques, quand on fête, on profite sans compter. Le carnaval est un bal masqué qui célèbre la vie ; le zingarelle font virevolter leurs jupons, les toréadors leur emboîtent le pas avec leurs collants roses. Les paillettes sont projetées sur la scène à la fin de la transe . Quand on vient à l’opéra, on veut voir du spectacle, vivre des émotions, pleurer avec Violetta et croire en l’homme.  La musique sert le drame. Dès l’ouverture, les contrebasses marquent le temps qui fuit irrémédiablement. Au troisième acte, la fêt

Vérone

Vérone, la ville de Roméo et Juliette. Vérone, la ville de l’opéra. Vérone, l’italianité sans encombre.  Journée estivale, on dit que c’est la canicule ; ici, c’est juste l’été. Il y a foison de touristes, respectueux des lieux chargés de culture. Les locaux s’adaptent aux représentations d’opéra: on peut manger à 18h. Tout le monde est content... Nous nous approchons des arènes. Des décors immenses et somptueux attendent entre les murs de l'amphithéâtre antique et des barrières de chantier parées de paroles d’opéras célèbres. Une rose géante, une entrée de palais, une tête de déesse grecque, une statue asiatique, des enceintes assyriennes. Tout est pensé pour les spectacles du soir. Huit opéras! Jamais le même de soir en soir. Cent ans que l'on transforme ce lieu pour faire vivre la musique et le spectacle. Toute une ville vit pour l’opéra, cet art si complet et ancestral. On a sublimé un lieu destiné aux carnages spectaculaires en un temple qui honore les émotions. Vers 20h,

Revoir Gilbert Grape

Convaincue que ce film révèle deux talents extraordinaires du cinéma américain: Johnny Depp et Leonardo du Caprio, je visionne le chef-d’œuvre 20 ans plus tard. Larmes jusque sous le menton et vague d’émotions dès le premier quart d’heure. Tellement de tragédie, tellement de dignité… Pourquoi ce film touche-t-il autant ? Il ne ment pas, il ne donne pas dans l’artifice. Des êtres humains coincés dans un trou à rat, l’Amérique profonde et désolante, au cœur de drames familiaux, qui montrent juste leur humanité parce qu’il ne reste que ça à faire. Une condition d’homme qui, dans la misère, surmonte la tragédie par le respect et la loyauté. 

Le tramonto à l’Alphasurf.

C’est vendredi soir au bordul. Pour un Staviacois, une soirée à l’Alpha, c’est presque normal au mois d’août, jamais banal. J’y emmène ma famille sur invitation de ma sœur. On s’imagine, on se prépare : ni trop plage, ni trop soirée. Mille photos souvenirs sur le ponton. On balance des clichés sur les réseaux.  Tout le monde est réuni. On prend du champagne et des burgers, du Bolgheri et des glaces smarties. On rigole, on aborde un seul thème des cinquante envisagés. Un ami qui débarque avec sa famille. On partage le flacon, il en recommande une bouteille. Mon fils me demande de prolonger le parking. Les enfants jouent au sable puis somnolent sur le banc. Il fait nuit. Mon mari s’engage presque aux interclubs de tennis tellement il est convaincu par la dolce vita broyarde.  Personne ne peut comprendre la vague de bonheur qui envahit un coeur qui vient s’abreuver aux sources de sa Broye natale. C’est ainsi, l’expérience lacustre, il faut la vivre, c’est tout. Y’a pas à dire, Estavayer,

Le goût du cervelas.

Tradition toute helvétique: griller un cervelas le 1er août. Ayant à coeur de faire connaître la tradition patriotique à mes enfants et pour chambrer ceux qui trouvent cette fête artificielle car inventée en 1848, j'achète six cervelas en action afin de les présenter en entrée à mes hôtes à l'occasion de la fête nationale. L'effet est réussi: les uns sont charmés par l'attention "nostalgie", les autres mangent leur dû en grimaçant et en lorgnant vers le grill pour deviner la suite du repas.  Quelques jours plus tard, il faut finir ces cervelas qui restent. En enlevant la peau de ces saucisses à tout, à rien, j'en pique un petit morceau cru. Souvenirs. C'est salé, c'est rose et spongieux, c'est fumé, c'est de la viande sans en avoir l'air, de la saucisse aux restes, à ce que l'on ne peut pas manger. C'est typiquement suisse et ça te rappelle d'où tu viens. Enfant, tu savais qu'il y en aurait presque tout le temps dans le