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Affichage des articles du mai, 2022

Une nuit

« La notte » pour palper l’ennui dans sa profondeur. Un vide entre deux êtres pris par la routine, que les mondanités ne distraient pas. Un Marcello qui joue l’artiste maudit et détestable, une Jeanne tout en noblesse et dignité, enfin Monica qui peut tout mais croit n’être rien. Des cadrages qui rendent l’esthétique du film sublime, des dialogues philosophiques, un luxe qui sert l’essence des relations humaines. Merci Michelangelo Antonioni; merci la cinémathèque suisse! 

Le héros romantique

« Pourquoi me réveiller? »  Charlotte a « laissé couler ses larmes. Elles faisaient du bien. » Énorme tragédienne, éprise dans les tortures d’un amour impossible, elle rampe dans le regret et cherche sans fin à renouer ce lien rompu à jamais. Werther ne voit qu’elle, ne veut qu’elle, aveuglé par la fatalité, il préfère s’occire plutôt que d’affronter une réalité trop invivable. Albert subit, impuissant. La soprano a choisi la basse, trop loyale au serment  fait à sa mère à l’agonie. 

Un concert à 11h

Dimanche 11h, sous un soleil brûlant, les robes et les chemises de bousculent à l’entrée de l’Opernhaus de la métropole. On aperçoit le lac en fond de décor et le chapiteau du cirque national trône face à la maison d’opéra. Ce midi, on joue le concerto pour violon de l’inégalable Tchaïkovski et une vaste symphonie de Bruckner.  Logés à quatre mètres de la violoniste angélique, les deux esthètes en quête d’émotions sont captivés par les coups d’archet qui s’imprègnent dans les cordes et dans les âmes. Subjugué par la musicienne divine, les deux auditeurs courent aux loges à l’entracte afin de saluer timidement l’interprète extraordinaire. A peine remis de leurs émotions, les amateurs du beau se rasseyent pour se retrouver enfoncés dans leurs sièges tant les notes sont puissantes, tant le son est ample et prenant. C’est un tourbillon au cœur de l’humain, du romantisme tronqué, une fatalité qui hante jusqu’aux mélodies naïves d’un espoir encore vert. Dimanche 15 mai 11h 15, l’expérience d

Destruction

Elle racle le mur avec son outil made in West Germany. Elle mouille d'abord pour décoller la tapisserie. Grands gestes de bayadère, bruit déchirant des roses qui tombent sur le sol froid. La moquette aussi a été arrachée. Elle est roulée dans un coin de la pièce qui désormais ne sera plus cette chambre. Tant bien que mal, je tente de faire recycler certains meubles, histoire de ne pas tout effacer. La raclette ouest-allemande se casse. Le silence est pesant sur les vestiges de mon enfance. Il ne reste rien. Seule la vue demeure.