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Affichage des articles du juin, 2021

L’atelier d’écriture.

  C’est quoi ?  C’est à la mode. C’est qui ? Toi, moi, tout le monde. Comment on fait ? On s’inscrit et on vient, avec son crayon et un carnet. Et après ? C’est comme un groupe de discussion : on fait connaissance… à travers l’écriture. Un thème est lancé, le temps est donné, on griffonne.  Après, on lit nos textes ou on se tait si on n’a pas envie. Carla joue avec les sons, Corentin aime les calembours, Virginie ne manque jamais d’instruire son auditoire, Mélanie invente des figures de style. Benoît est content, il croit mieux les connaître, ses ouailles d’un soir. Elise est ravie, chacun a pu s’exprimer et c’est pour cela qu’elle est là. On rigole, on boit quelque chose, on sourit parce qu’on est bien.  Deuxième thème, temps plus long. On s’y remet. Plaisir, sourire, gomme, temps mort. On relit, on se fait un retour. (C’est le plus compliqué.) Et puis ça plaît, on continue ! Troisième thème, un rapide cette fois. « Non ! »  Un quatrième : partir d’une citation. On la tourne dans tous

« Je » est un monstre (version longue).

  Le titre génial de l’exposition temporaire de « La maison d’ailleurs », fameux centre helvétique de la science-fiction à Yverdon. Mais rassurez-vous, mon texte n’aura de science que la dénomination de son pronom et de fiction que l’aura d’une illusion. Ne vous êtes-vous jamais demandé quel monstre se cachait en vous ? A quand date votre dernière entourloupe, votre dernier mensonge, une petite mesquinerie ou ce ricanement narquois ? Oh, ne vous dissimulez pas derrière une statue édifiante d’un autre siècle, vous en avez un, c’est sûr ! Peut-être est-il caché dans un bahut moisi au fond de votre deuxième cave, mais il existe et vous l’avez peut-être oublié. Est-il visqueux, sombre, poilu ? Se transforme-t-il à minuit s’il a mangé des fraises ? Craint-il la lumière ou le clair de lune ? L’avez-vous seulement déjà rencontré ? Peut-être ignorez-vous son existence et pourtant, il vous observe, il vous sent, il respire en vous. « Je » pourrait se nommer « culpabilité ». Ne vous est-il jamai

Une proposition qu’on ne peut refuser.

Elle a mis du bleu sur ses paupières, elle a coiffé ses cheveux en chignon peu précis, elle a mis ses lunettes roses pour faire sérieuse et à la mode, son t-shirt porte la littérature en message, mais on ne le voit pas, son veston aux motifs Prince-de-Galle sur les épaules, elle est assise face à sa destinée.  Sa rédemptrice est grande, mince, jeune, cheveux longs roux et bouclés, ancienne fumeuse, elle prend place face à elle. Elle est bienveillante, elle a aimé l’interroger et devra la prendre en photo, après le café. On est dehors, bien sûr, il fait froid mais le soleil guigne.  La journaliste demande à l’enseignante « un p’tit truc », « tu imagines bien quoi » ? Une collaboration ! Non, ce n’est pas « un p’tit truc ». La brune aux yeux fardés n’en croit pas ses oreilles, elle feint de tomber par terre, mais sa chaise a des accoudoirs et le sol est mouillé. Alors oui, dix fois oui ! Consécration ! Reconnaissance ! Merci, merci ! La Providence a frappé à sa porte et il fait tout à co

Gaudé

Laurent. Un mage, un humaniste, un enchanteur qui connaît les tréfonds de l’âme et l’homme en général.  Tout au long de ses œuvres, on ressent la complexité humaine, le poids de l’histoire, l’appartenance à cet inconscient collectif qu’est l’humanité. C’est épais, c'est senti, ça s’inspire et ça s’expire. Laurent Gaudé, il faut absolument le lire car c’est une expérience, une initiation au mystère de l’homme. Merci à ce très grand auteur. 

Appeler l’Italie

Je lui ai dit que je le ferais alors je me suis exécutée: j’ai appelé le bagno 63. Trois semaines avant. Sandro m’a répondu. Il m’a reconnue. Il bégayait , c’est depuis sont infarctus.  Due ombrelloni . Ti aspettiamo.  Nous avons raccroché. J’ai eu bien de la peine à ravaler la petite larme qui pointait au coin de mon œil. Pourquoi se montrait-elle celle-là? Nostalgie. 

Parler à la vigne

 "C'est bien, tu as un petite grappe!" Le jeune jardinier en herbe parle à ses plantes. Il s'en occupe chaque jour, des heures durant. Un plant de tomate, un bébé-salade, un peu de verveine citronnée, quelques radis minuscules qui font la joie des limaces voraces, un frêle myrtillier, des fleurs de courgettes, trois brins de persils. On lui a confié deux mètres carrés d'une mauvaise terre exposée à l'Est, mais c'est là le petit paradis du garçon qui ne louperait pour rien au monde les conseils de Monsieur Jardinier.  A sa naissance, son grand-papa a planté une vigne. Depuis lors, elle a donné des petits et ce sont quatre pieds de vigne que le jardinier soigne depuis ce printemps. On les a replantés en avril, puis on les a laissés tranquilles. Aujourd'hui, des grappillons ont poussé et de belles feuilles vertes donnent tout leur panache à ces minis-ceps.  Le garçonnet est fier et trouve là un énorme bonheur. Soigner ses plantes, c'est comme nourrir