Articles

Affichage des articles du mai, 2023

Une table à rallonges

Jeudi de l'Ascension. On emboîte les trois rallonges de la table en chêne. Chez nous, c'est rétro : nous plaçons nos invités à la salle à manger, une table de quatre à quatorze personnes. Les rallonges restent en place jusqu'à la Pentecôte "au cas où". Et puis il y a la famille vendredi soir pour l'anniversaire, alors on laisse comme ça.  Le printemps s'invite sur notre terrasse. On déploie la table extérieure. Tour à tour quatre invités puis deux. On prend tous nos repas dehors. Il fait doux. C'est estival avant l'heure.  Un petit courant, l'oncle veut rentrer. On prend le dessert à la table en chêne, toujours ouverte. "C'est vraiment une table familiale ça!" Eh oui. Un jour, nous avons acheté une maison avec un grand salon. Nous y avons logé une table à rallonge afin de pouvoir accueillir la famille, les amis. Ce soir, veille de rentrée scolaire, j'oublie qu'il faudra faire le sac d'école ce soir et imprimer trois fi

La maison en lego

« Maman, tu m’aides à construire une maison en lego, s’il te plaît? » « Oui, bien sûr, j’adore les legos! Mais tu sais, mes maisons en lego, elles sont toujours jolies, sur trois étages, avec une terrasse mais elles tombent au premier souffle. Normal, j’optimise chaque pièce! » « Alors c’est pas très solide. Il y a trop de vide. »

La Bohème à la Bastille

Quand il neige au troisième acte, la mise en scène du chef-d’œuvre de Puccini ne peut pas être complètement incongrue. Il a neigé ce soir sur les planches de la Bastille, on était sur la Lune, mais les flocons tombaient. Pouvoir assister à la Bohème à Paris, c’est une chance inespérée. Elle devrait être donnée à tout amateur de l’opéra, tout amateur de l’art en général. L’opéra, ce spectacle total, même parachuté dans un univers apocalyptique, ne cessera d’émouvoir son auditoire. Mimi sera toujours fragile et sensible, Rodolfo jaloux et poète, Musetta bonne et frivole, Marcello humble et humain. La mise en scène interstellaire de la production 2023 de l’opéra Bastille a l’avantage d’attirer les curieux, intéresser les novices, énerver les puristes, interroger l’humain dans sa finitude. Est-ce là l’endroit ? Est-il besoin de mettre en abîme le drame de l’individu dans le drame de l’humanité ? On peut se le demander. Heureusement, cette idée originale, comme survenue d’un cauchemar dysto

La leçon, Ionesco.

L'auteur a tourné en bourrique l'éducation d'un siècle passé. Il a bien fait. La pédagogie que l'on dénonce dans cette pièce est fort heureusement désuète. Mais derrière un titre et un enjeu clair, c'est cette interrogation au monde qui remet toujours le spectateur en question : quand le langage n'est pas décodé par l'interlocuteur, le monde perd son sens et tombe dans l'absurde. Le langage serait-il donc un frein à la compréhension ? Il faut du sens, toujours du sens, sinon l'on tombe dans la fioriture.