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La vie contre l'amour / Ptah ou Isis.

"Immense Ptah, dieu créateur, animateur de l'esprit du monde, nous t'invoquons." La grande prêtresse invoque le dieu mystérieux de l'Egypte sacrée. Le choeur reprend, la mélodie rythmera l'opéra comme un flux de vie, ce cycle qui ne finit pas. Une main, la vie, le destin ou la force divine s'ouvre et se ferme sur les chanteurs. La scène est énorme. Des figurants, des choeurs, des danseurs, des enfants, des solistes se meuvent en un ballet calculé qui fascine les 20000 spectateurs dans la moiteur d'une soirée d'août aux arènes de Vérone. L'orchestre raconte l'histoire, la musique résonne entre les pierres antiques. Les costumes réfléchissent la lumière qui sort de la main et transperce le ciel. Tout est pensé pour envoûter les spectateurs.  On connaît les airs mais l'on n'avait pas compris l'ampleur du drame. Radamès ne répond pas. Radamès ne se vend pas. Il choisit la mort pour l'amour et refuse la vie de l'ordre cosmiqu...

Les colonies marines

- Qu'est-ce que c'est cette tour au loin? - C'est la colonie de la Fiat. - Une colonie pour les enfants ? - Oui, pour les enfants des employés de la Fiat. Elle a été construite dans les années 30. En 90 jours, elle est sortie de terre! Des ouvriers y travaillaient jour et nuit. C'est un monument. - Mais aujourd'hui, elle est toujours utilisée ? - Oui, c'est un hôtel, tu peux aller voir sur internet. C'est la seule qui est encore en fonction. Fiat, une usine pharmaceutique, le parti fasciste de Turin, l'entreprise Olivetti... des enfants placés l'été au bord de la mer dans des bâtiments désormais abandonnés. Les grandes entreprises avaient toutes investi la côte de ce village du Nord de la Toscane. Les colonies marines, ces structures qui offraient aux enfants des ouvriers leurs premières vacances à la mer pendant que leurs parents travaillaient. Une idée soutenue par le parti fasciste certainement contre quelques cadeaux fiscaux ... On imagine des Ba...

1er soir de vacances

La rumeur de la rue se mêle à un tango-synthétiseur. 9 heures de route. Après un aperitivo festif et un souper bien garni, la petite famille se glisse entre les draps. Chaque année, on y revient en pensant que c’est la dernière… eh puis, on rit aux éclats, plus fort que les autochtones, les mêmes rengaines, les mêmes joies qui viennent du fond du cœur, ces soirées valent tellement ces heures de route que l’on revient .. toujours pour une dernière année. On croise les mêmes gens, on se demande s’ils seront là ; on se souvient de ceux qui ne viennent plus. La larme à l’œil, on y retourne parce que c’est ça la vie, parce qu’il le faut. Merci Igea Marina, la petite station balnéaire que l’on ne peut aimer que si l’on y est un habitué…

Un œuf à la coque

Le petit luxe du dimanche matin: « Qui veut un œuf à la coque? » Une tradition occidentale pour créer l’ambiance d’un petit-déjeuner réussi. Se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre les coquetiers, rangés bien en haut, avec la vaisselle qu’on n’utilise jamais. Le luxe à la portée de tous: l’œuf à la coque, pas cher mais qui nécessite une attention particulière à la cuisson ainsi qu’une mise en scène bien précise: un coquetier dans une assiette ou une sous-tasse, une petite cuillère pour casser la coquille, enfin des mouillettes. Le suspense est à son comble lorsque l’on soulève le chapeau : l’œuf sera-t-il parfait, trop liquide, carrément dur? Le plaisir de déguster un œuf à la coque le dimanche matin, c’est prendre le temps pour un rituel compliqué autour d’un met très simple. Le tout est dans le cérémonial qu’on lui accorde. Donner une valeur spéciale au petit- déjeuner du dimanche matin.

Une fête des mères réussie

Un petit souper assez simple de fond de frigo, arrosé de champagne et de Barolo, le vin d’une viticultrice de caractère. On bavarde, on théorise… Il faut faire la vaisselle. Le père de famille enclenche «Abracadabra » de Lady Gaga. La magie opère: l’un commence une chorégraphie en tablier de cuisine, la petite enchaîne sur un breakdance improvisé, toute la famille s’adonne au plaisir de danser ensemble, comme chacun peut. «Don’t stop me now», on continue… « Bohemian Rhapsody »… on admire la construction d’une chanson en symphonie, une voix qui peut tout chanter…  Au moment de dire bonne nuit, on remercie le Ciel, on dit « la meilleure fille », « le meilleur fils », « la meilleure maman », « le meilleur papa »… Les parents terminent leur verre de vin rouge en visionnant «Le blues du businessman» chanté par Céline Dion en 1995… Quelques larmes pour l’art, l’humanité, le bonheur.