La Bohème à la Bastille

Quand il neige au troisième acte, la mise en scène du chef-d’œuvre de Puccini ne peut pas être complètement incongrue. Il a neigé ce soir sur les planches de la Bastille, on était sur la Lune, mais les flocons tombaient. Pouvoir assister à la Bohème à Paris, c’est une chance inespérée. Elle devrait être donnée à tout amateur de l’opéra, tout amateur de l’art en général. L’opéra, ce spectacle total, même parachuté dans un univers apocalyptique, ne cessera d’émouvoir son auditoire. Mimi sera toujours fragile et sensible, Rodolfo jaloux et poète, Musetta bonne et frivole, Marcello humble et humain. La mise en scène interstellaire de la production 2023 de l’opéra Bastille a l’avantage d’attirer les curieux, intéresser les novices, énerver les puristes, interroger l’humain dans sa finitude. Est-ce là l’endroit ? Est-il besoin de mettre en abîme le drame de l’individu dans le drame de l’humanité ? On peut se le demander. Heureusement, cette idée originale, comme survenue d’un cauchemar dystopique, n’enlève rien à la tension tragique de l’œuvre. Paris reste Paris et son Quartier Latin. La Bohème demeure dans les mansardes froides des toits parisiens. Où d’autre finalement le soleil d’avril pourrait-il donc offrir ses premiers rayons ? Les lueurs du printemps seront éternellement destinées à Mimi, au seuil de sa vie, au seuil de sa mort. 

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