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Affichage des articles du septembre, 2024

Les mûres ont un goût de mois d’août

Rondelettes, noires, un peu molles, elles sont prêtes à être dégustées. On les cueille au fond du jardin, le récipient accroché à la ceinture, la canne d’Emma dans la main gauche pour écarter les ronces sans se piquer. Leur saveur imprègne la bouche jusqu’à rendre le fond du palais pâteux; leur teinte est violette sur les dents et sur les doigts. La mûre a un goût si condensé qu’elle ne peut pas être qu’une simple baie de fin d’été. Le petit fruit si rustique raconte beaucoup d’histoires. Il dit les fins d’après-midi au fond du jardin potager de grand-maman Odile, la confiture intense qui rappelle le mois d’août au cœur de l’hiver quand elle s’étale sur le pain un dimanche matin, le gâteau sans acidité mais trop de douceur, les fins de vacances, la nostalgie des prés aux herbes trop hautes, les mirabelles qui doivent être mûres elles aussi au verger. Prendre une mûre bien noire entre le doigts, estimer sa souplesse, l’écraser avec la langue contre le palais, juger du sucre dans le jus

Malena

Madeleine, Marie-Madeleine, la prostituée, la femme seule, sans mari, sans enfants, l’objet de tous les désirs, de toutes les convoitises, de toutes les jalousies. Malena c’est l’être humain dans sa bestialité mais c’est aussi la tragédie de l’Histoire. Malena, c’est la condition de l’être humain: vivre seul, trouver sa place, lutter pour sa survie, se taire et avancer, fatalement. Malena, un grand film de Giuseppe Tornatore avec une musique d’Ennio Morricone.

Un goût de vacances

Le fritto misto. On n'en mange que l'été, à la mer, en Italie. Vous avez attendu ce moment depuis une année, c'est prévu, vous salivez à chaque évocation de ce plat savoureux. La friture sera fraîche et raffinée, légère comme nulle part ailleurs. Il y aura les petits poissons que l'on déguste entiers, les yeux fermés, les mini-poulpes, les crevettes, les calamars. Des fruits de mer enrobés d'une fine pâte à frire qui craque sous la dent. Des sourires jusqu'aux oreilles, des yeux pétillants de gourmandise, on croquera le petit poulpe croustillant et ce goût d'autrefois, celui des vacances à l'Adriatique, imprégnera votre palais, vos joues, votre souvenir. Quarante ans que vous vous délectez du fritto misto de l'Albergo Basilea. Non seulement ça rassure, mais c'est surtout ce plaisir de satisfaire l'attente d'une année de salivation et de désir. C'est ce soir, la friture de la mer est dans votre assiette. Il faut imprimer ce goût dans

Cosmognie...

La Planète bleue était unique, isolée dans une galaxie oubliée. Sa couleur reflétait l'air qu'on y respirait et l'eau qui y régnait. Il y avait eu le flou des origines, les masses informes grouillant de vie. La Terre avait bougé, s'était déformée pour faire apparaître les continents, les déserts, les montagnes. Alors les animaux étaient sortis de l'eau, avaient développé des poumons, ils respiraient. Sur ces terres, poussaient des végétaux prenant racines au coeur de la planète pour s'élancer vers l'infini. Ils étaient le lien entre la source et l'éternité, ils détenaient le secret de la vie.  Une espèce particulière avait aussi vu le jour : l'homme, celui qui savait... mais que savait-il? Qu'avec l'eau, on pouvait faire pousser des végétaux? Que le feu pourrait le sauver ou le détruire? Que l'air était indispensable? Que sans la terre, on ne faisait rien? Que lui-même n'était rien sans ces éléments? L'homme était un pion, un mail