Articles

Affichage des articles du septembre, 2024

Writing day 8, une question d'éducation.

13h24, je sors des "toilettes des profs". J'y croise une "jeune collègue" qui doit bien avoir 12 ans de loyaux services à l'Etat. J'en ai 15 depuis quelques semaines. Nous évoquons nos collègues à la retrait qui chantaient souvent ce refrain : "C'est une question d'éducation." Et ma foi, on se joint aussi de plus en plus souvent à ce choeur … S'occuper d'adolescents n'est jamais ennuyeux: les jeunes sont inconstants, comme la lune, comme les étoiles, comme tous les êtres humains. Ils sont des jeunes-pousses toutes frétillantes et impatientes de goûter à la vie. Certains jeunes connaissent sa saveur un peu plus tôt que les autres, malgré eux... S'ils ont parfois l'air imbéciles, c'est parce qu'ils sont en groupe (de 29 souvent); il faut jouer un rôle, épater la galerie, faire rire surtout, parce que la vie, c'est trop sérieux. S'ils sont trop sensibles, c'est qu'ils sont jeunes, fragiles, sans ...

Les sachants

Le sachant s'oppose à l'apprenant. Le sachant sait, c'est une personne, non un contenant. L'apprenant apprend, c'est un chasseur-cueilleur de tout ce qui pourra le faire grandir. Lorsqu'il a suffisamment cueilli, l'apprenant devient un sachant. On a donné beaucoup de noms à ce genre de personne à travers les siècles: les sages, les savants, les pédagogues, les philosophes, les maîtres, les guides, les sorbonagres, les vieux cons, les ancêtres, les passeurs... On ne savait plus quoi inventer dans le sème du savoir qui pourrait paraître pas trop normatif ou discriminant alors on a pris le participe présent du verbe savoir pour être proche du sens premier sans entendre qu'il chantait comme "sachet". Finalement, le sachant n'est-il pas un sachet? 

Les mûres ont un goût de mois d’août

Rondelettes, noires, un peu molles, elles sont prêtes à être dégustées. On les cueille au fond du jardin, le récipient accroché à la ceinture, la canne d’Emma dans la main gauche pour écarter les ronces sans se piquer. Leur saveur imprègne la bouche jusqu’à rendre le fond du palais pâteux; leur teinte est violette sur les dents et sur les doigts. La mûre a un goût si condensé qu’elle ne peut pas être qu’une simple baie de fin d’été. Le petit fruit si rustique raconte beaucoup d’histoires. Il dit les fins d’après-midi au fond du jardin potager de grand-maman Odile, la confiture intense qui rappelle le mois d’août au cœur de l’hiver quand elle s’étale sur le pain un dimanche matin, le gâteau sans acidité mais trop de douceur, les fins de vacances, la nostalgie des prés aux herbes trop hautes, les mirabelles qui doivent être mûres elles aussi au verger. Prendre une mûre bien noire entre le doigts, estimer sa souplesse, l’écraser avec la langue contre le palais, juger du sucre dans le jus ...

Un goût de vacances

Le fritto misto. On n'en mange que l'été, à la mer, en Italie. Vous avez attendu ce moment depuis une année, c'est prévu, vous salivez à chaque évocation de ce plat savoureux. La friture sera fraîche et raffinée, légère comme nulle part ailleurs. Il y aura les petits poissons que l'on déguste entiers, les yeux fermés, les mini-poulpes, les crevettes, les calamars. Des fruits de mer enrobés d'une fine pâte à frire qui craque sous la dent. Des sourires jusqu'aux oreilles, des yeux pétillants de gourmandise, on croquera le petit poulpe croustillant et ce goût d'autrefois, celui des vacances à l'Adriatique, imprégnera votre palais, vos joues, votre souvenir. Quarante ans que vous vous délectez du fritto misto de l'Albergo Basilea. Non seulement ça rassure, mais c'est surtout ce plaisir de satisfaire l'attente d'une année de salivation et de désir. C'est ce soir, la friture de la mer est dans votre assiette. Il faut imprimer ce goût dans...

Cosmogonie...

La Planète bleue était unique, isolée dans une galaxie oubliée. Sa couleur reflétait l'air qu'on y respirait et l'eau qui y régnait. Il y avait eu le flou des origines, les masses informes grouillant de vie. La Terre avait bougé, s'était déformée pour faire apparaître les continents, les déserts, les montagnes. Alors les animaux étaient sortis de l'eau, avaient développé des poumons, ils respiraient. Sur ces terres, poussaient des végétaux prenant racines au coeur de la planète pour s'élancer vers l'infini. Ils étaient le lien entre la source et l'éternité, ils détenaient le secret de la vie.  Une espèce particulière avait aussi vu le jour : l'homme, celui qui savait... mais que savait-il? Qu'avec l'eau, on pouvait faire pousser des végétaux? Que le feu pourrait le sauver ou le détruire? Que l'air était indispensable? Que sans la terre, on ne faisait rien? Que lui-même n'était rien sans ces éléments? L'homme était un pion, un mail...