Les mouettes

Elles nous narguent tout au long de l'année, de leurs cris plaintifs, en tournant sur les tours de Fribourg. Pourtant, nulle mer, nul lac, nul océan; rien qu'une rivière et un minuscule lac artificiel. Pourquoi diable viennent-elles jusqu'ici? Ont-elles faim? Ont-elles chaud? Sont-elles sarcastiques? Peu importe leur raison d'être là, le mouettes nous rappellent notre humble condition d'êtres, dotés de souvenirs et de désirs nostalgiques et lacustres. 
Ici, on n'a pas de barque ou de plage. Les jeudis après-midi d'été, on ne va pas piquer une tête à "la plage à Guido" ; mais on s'adonne à des activités citadines, moins essentielles, plus empressantes. Les dimanches d'hiver, on ne jette pas de pain aux mouettes, on s'en va faire un tour près des lacs de montagne, sans mouettes, sans cris, sans envol. Dès qu'on entend leurs cris, on se souvient des promenades le long du chemin Saint-Marc, les après-midi en barque avec grand-papa, des petits bateaux en jonc, des pilotis, des nudistes sur les voiliers. On n'avait qu'une simple embarcation, mais au banc de sable, on s'accrochait aux hors-bord pour partager l'apéro avec le patron de grand-papa. Les classes sociales s'estompaient et le farniente prenait le dessus. 
On est si bien au milieu du lac, hors du temps, en suspens, loin de tout sauf de l'essentiel: apprécier le moment présent au gré des vaguelettes soulevées par une brise légère ... ou un bateau trop pressé, trop citadin pour ce lac immense de nostalgie.

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