Sergeï

 « Non mais toi, tu ne pourras jamais jouer Rachmaninov, tu as de trop petites mains. » 

Exit Rachmaninov et autres compositeurs slaves aux grandes mains. Après tout, je n’avais jamais pensé m’attaquer à un tel monstre ! Reléguée à écouter le grand Sergeï mais ne jamais le jouer. 

Et ce soir, c’était toutes les émotions humaines condensées en un concerto: une douceur et une finesse dans le toucher, une poigne à démolir le piano à queue, une nostalgie tout orientale que seuls les slaves savent mêler à la mélancolie occidentale, une technique quasiment surhumaine, une stabilité à rebuter un lutteur suisse, des phrases et des vagues pour emporter l’auditeur et l’y laisser surfer entre tristesse profonde, drame , déchirure, légèreté, insouciance, l’inatteignable, les nuées stratosphériques qui côtoient le pas militaire et triomphal, l’épopée, la fierté, l’intransigeance, l’intégrité, la loyauté, l’orgueil et le doute. Un final flamboyant tout en splendeur . 

Alors non, je ne le jouerai jamais, mais je ne me lasserai pas de me laisser emporter pour ces moments d’humanité qui chatouillent la perfection. Avec des petites mains, on peut comprendre pendant que  les grandes vous saisissent.


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