Aux bains urbains.

Il faut chaud dehors et tu as l’idée saugrenue de te plonger dans la pénombre humide d’un spa au coeur de la ville. Arrivée à 13h, l’espace est à toi : bain vapeur, tisane, bulles, sauna, repos et on recommence. Voilà la perspective d’un renouvellement apaisant.

Dans la salle de repos aux murs sombres, des nuages clairs en tissu flottent au-dessus de moi. Un air qui ressemble à du Yann Thiersen me rappelle que l’on vit au XXIe siècle. 

Qui a oublié Amélie et son fabuleux destin ? Sa philosophie empreinte d’optimisme et de superstition ? On s’est toutes identifiées à l’innocente brunette au carré parfait. On a toutes rêvé de dévaler les rues de Paris en mobylette ! On a toutes fait des photos en noir et blanc au photomaton derrière le funiculaire. Et puis, on a adopté la jupe midi, chaussées de dock martins…

Elle aurait quel âge aujourd’hui Amélie ? Quarante ans ? Peut-être… en tout cas, loin des amourettes candides à l’aube d’un siècle novice. Toute cette innocence, cette humanité, cet intérêt pour l’original réunis dans un chef-d’oeuvre du cinéma étaient-ils emblématiques du XXIe siècle? Sur quel ton cette nouvelle ère a-t-elle commencé ?

Peut-être, dira-t-on, que les premières années de l’an 2000 étaient folles ? Folles d’espoir, de peur, de recherche de simplicité et d’authenticité …

Dire que nous avons réussi notre entrée dans le nouveau siècle serait présomptueux. Après les feux d’artifice du passage de cap, les sequins et le champagne, retentissait la rage de la terreur et des extrémismes… une guerre mondiale à peine masquée était déclarée ; suivie d’une longue crise économique. Les Trente Glorieuses étaient bien loin ! 

Allongée sur le matelas de la salle de repos design et rassurante, je me souviens aussi des expériences sensorielles de cette fameuse Expo02. Elle représentait la modernité au service des sens et des émotions. Une réussite helvétique au service de la recherche d’un monde plus porche de l’être humain dans son essence plutôt que dans son apparence. 

Petit à petit, ce siècle fait son chemin, pétri de bonne volonté et de culpabilité. Les prises de conscience émergent. L’homme ne sauvera pas le monde, s’il le faisait, on le taxerait d’ubris. Non, le XXIe siècle sera façonné au gré d’une nature déchaînée, d’incendies en inondations, de météo glaciale en températures caniculaires, incontrôlable par l’homme, bien trop petit pour faire face…

Enfin, sur mon lit de repos futuriste, je me dis que ce siècle n’a rien d’innocent, mais qu’il est certainement empreint de l‘originalité humaine dans toute son humilité.

 

 

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