Qui repasse tes chemises?

 

Qui repasse tes chemises ? Est-ce vraiment une question cruciale ? La pose-t-on à l’heure de l’égalité des sexes ? Empoigne-t-on seulement encore le fer à repasser ? N’est-ce pas trop intime ? N’est-ce pas une question qui gêne ? Tu t’es déjà posé la question ? C’est old school ? Tu n’as jamais vu un fer à repasser sinon au musée Wasmer… Ou ce matin, alors que tu avais du temps devant toi, tu t’es dit : « Et si j’attaquais cette montagne de linge ? » Heureuse d’être cette petite ménagère qui donnerait de l’amour à son mari en lui repassant ses chemises qui traînent depuis trois semaines, tu t’es demandé : « Et vous, qui repasse vos chemises ? »

Ta maman ? Tanguy invétéré, que la honte te consume ! Tu oses apporter tes chemises à ta maman ? A ton âge ? Ce sera là un signe de confiance sans borne en la main experte de la matrone … ou l’oubli du ciseau pour couper le cordon … Mais bon, réveille-toi ! Essayons de stopper l’exploitation de la femme une fois pour toute ! On est au XXIe siècle !

Ton épouse ? No comment.

Ta fille ? Comment ? Pour son argent de poche ? Comment oses-tu !

Toi ? Ainsi, tu es responsable et vacciné (oui oui, vacciné !) , méticuleux même et tu t’es acheté une planche à repasser le jour où tu as pris ton studio à la rue du Stalden. Bravo ! Depuis, tu ne mets plus de chemise qu’aux mariages … 

Le pressing ? Symbole de l’homme pressé mais propre sur lui, conscient de l’égalité des sexes et de son désintérêt pour la planche à vapeur, il donne ses chemises au pressing du coin. « C’est bien, ça donne du travail à quelqu’un ! » Néo-libéral, il se prend pour un philanthrope tout en se pliant au carcan du système.

Ta femme de ménage ? Tu es chanceux de l’avoir, c’est une seconde mère pour toi : à l’écoute, pleine de sagesse populaire, elle plie ton linge, le repasse si elle a le temps et le range dans l’armoire. C’est trop injuste. Et dire que ce luxe n’est réservé qu’à une minorité ! 

Donc, si tu n’es ni riche, ni néo-libéral, que tu défends la cause des femmes et celle de ta maman, que ton cordon a été douloureusement coupé mais que le raccommoder serait de l’ordre d’un complexe oedipien, que tu ne veux pas passer pour le « fameux célibataire de la rue du Stalden », que tu ne te résoudras pas à porter uniquement des polos mal repassés, comment feras-tu pour soigner ton image et paraître « bien habillé » ?

Demande à l’autre moitié de la planète. Bien avant l’invention du fer à repasser, du libéralisme et du féminisme, les dames avaient tout compris. Elles enfilent des robes ! Qu’il faut parfois repasser, il est vrai…

Sinon, influence la mode et bannis le no-pli en faveur du no-fer. Car si nous sommes libres, partout nous sommes dans les fers…

 

 

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