Une Helvète en France.

Heidi regardait défiler le paysage jurassien en cette fin d’après-midi de mars. Naïve, elle avait cru qu’en esquivant la grève les deux dernières fois, cette fois-ci serait égale et sans heurts. Mais c’était quand même « mardi noir » en France. 4 TGV annulés sur 5. Ça ne sentait pas bon. Elle avait tout contrôlé. Tous les signaux étaient verts. « Elle avait de nouveau de la chance », pensait-elle. 

Et puis il y avait eu ce panneau sur le quai : « Retard indéterminé ». Elle avait quand même contrôlé sur le site de la SNCF, qui était moins optimiste. On annonçait une heure, puis rapidement 3h30 de retard ! Heidi se demandait : « Est-ce que je peux aller aux toilettes dans l’intervalle ou je vais louper mon TGV ? » Elle scrute le quai, entrevoit un gilet jaune fluo. Elle s’approche. Un employé des CFF. Deux possibilités : 3h30 de retard ou un train suisse qui amènerait les passagers vers Vallorbe. « Non, mais vous avez largement jusqu’à 18h  pour aller faire pipi. » Ok. Heidi s’en va chercher un bar et des toilettes. Heureusement, il n’y a plus de bistrot à la gare de Lausanne. L’ancien buffet de la gare s’est transformé en self-service et quand on voyage seule avec une valise, ce n’est pas très pratique. Résignée, Heidi retourne sur le quai ; en chemin, elle revoit le gilet jaune fluo. « Le train part à 17h11 ! Allez sur le quai 4 ! » Il est 17h09. Heidi se dépêche. Ecoute. Annonce, quai 7. Les voyageurs à destination de Paris sont priés de monter dans le train suisse qui les acheminera vers Vallorbe, où le TGV viendra les chercher. 

Heidi monte, rassurée. On va peut-être gagner du temps ! 

Heidi se souvient. Ses amies grecques lui avaient appris qu’il ne faut jamais se fier aux horaires officiels ou aux infos sur internet. Il faut toujours demander à un humain en chair et en os si c’est bien le bon train, le bon horaire et la bonne destination. Demander trois fois de préférence. Heureusement, Heidi a suivi leur conseil. L’humain a pris le dessus sur les informations vagues des panneaux d’affichage et des sites internet. Un type des CFF a eu pitié des pauvres voyageurs de la semaine vers la ville Lumière et a organisé un train pour les conduire à Vallorbe ! Peut-on être aussi bienveillant en ce bas monde ? Pourquoi a-t-il eu cette idée géniale et pittoresque ? Face à des imprévus causés par la colère des uns, les autres ont répondu avec douceur. On peut dire beaucoup de choses des CFF, même qu’ils sont humains…

Heidi regardait toujours les paysages de plus en plus plats. On annonçait une arrivée à 23h à Paris.

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