Grimentz 1990-2024

9h50 au Col du pouce. Se retrouver dans un décor grandiose et sauvage, au pied des Becs de Bosson. Se sentir minuscule devant l’immensité du manteau neigeux (même au mois d’avril). Il y a une trentaine d’années vous étiez là aussi, même plus haut. Vous vous étiez cramponné au Lona 1 puis au Lona 2 ; c’était la récompense d’une semaine de camp de ski dans le groupe moyen-avancé. Ça semblait normal d’accéder aux Becs chaque hiver durant toute son école primaire. Le froid mordait les joues, on lorgnait avec envie la piste noire du kilomètre lancé. On était fier d’y être arrivé. 

Aujourd’hui, je ne tenterai pas encore les pistes noires des Becs avec mes enfants même s’ils sont déjà suffisamment aguerris pour pointer leur nez au Col du pouce. Heureuse de leur faire découvrir la station de mon enfance, je guide ma petite famille sur des pistes qui me semblent plus larges et plus longues qu’à l’époque. 

C’est ici que j’ai appris à skier. En 1990, les maîtres du cercle scolaire de Cheyres-Châbles-Font emmenaient les enfants de la première à la sixième primaire dans le val d’Anniviers pour une semaine de camp de ski. Grimentz est resté la station de nos cœurs à nous tous, petits Broyards apprentis-skieurs. On se ramenait avec du matériel acheté au troc pour 50 balles à Estavayer-le-lac, notre défi ultime était de skier en jeans et en pull, un jour, tellement on serait doué et qu’on ne tomberait plus… Dans le hall du départ de la télécabine, la pub montrait même une dame au teint halé skiant en bikini. 

Aujourd’hui, les remontées mécaniques sont très modernes et confortables ; on a changé un peu le tracé des pistes, on a transformé l’étable en restaurant de piste prisé. Le niveau reste de mise : beaucoup de pistes noires et rouges. Grimentz, ce n’est pas pour les petits joueurs. Dans la station, toujours les mêmes hôtels, le même magasin de sport, les mêmes greniers pittoresques. On accède au village anniviard par cette route tellement dangereuse que l’on priait à l’époque à chaque contour, chaque pont, assis devant pour éviter de vomir du haut de notre car GFM en vadrouille. 

En 1990, c’étaient trois villages, des enseignants, des parents, des sociétés locales qui se démenaient afin de donner la chance à leur petits d’apprendre à skier pour pas cher dans l’une des stations les plus typiques du Valais. Quand on retourne à Grimentz, c’est toujours beaucoup d’émotions, un mélange de nostalgie, de fierté et de gratitude.

 

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