Chez Mme C.

La poutze, c'est pas un hobby mais ça me connaît. Habituée dès le plus jeune âge à dépoussiérer les bibelots de Mme C., je n'ai malheureusement plus la patte à poussière aussi alerte. Enfant, grand-maman me gardait. Mais elle devait aussi faire des ménages. Alors on partait avec ma soeur et parfois ma tante chez Mme C. et on commençait les nettoyages. La tâche de ma soeur et moi était bien définie: enlever tous les bibelots des tables gigognes, des objets récoltés suite à des nombreux voyages, passer la patte et remettre les petits objets de collection sur les tables en verre. Quand on avait fini, on pouvait aussi épousseter la bibliothèque du salon où s'exposait une carte postale intrigante, représentant une femme au sein percé par une flèche. Certainement la reproduction d'un tableau symboliste. Il y avait aussi une flûte et d'autres bricoles sur cette étagère. Chez Mme C., la cuisine était aussi un lieu particulier. Minuscule, placardée d'affiches d'expositions, on ne voyait presque plus les murs.  Je me disais à l'époque, que moi aussi j'afficherais ma culture quand je serais grande. Chose que je fis, pas à la cuisine, mais aux toilettes. Il y avait aussi un clown pleureur sur la porte de la salle de bain. Et puis une télé dans une armoire. Des tas de documents par terre et sur la table de la salle à manger, ça sentait la cigarette. La vie de Mme C. qui transparaissait à travers son logis nous transmettait des airs d'indépendance et d'émancipation féminine. 
Il y a deux ans, j'ai revu Mme C. Elle n'habite plus dans ce petit appartement où l'on pouvait percevoir un vécu passionnant et intense, un passé mystérieux et une éthique peu commune. Elle est toujours aussi revendicatrice, drôle et volubile. 

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