Persil de Proust

J'ai mangé du persil. Mes sens m'ont rappelé mon enfance, quand on allait au jardin "à grand-papa". C'était pas très loin de la maison. On partait avec grand-maman et Sophie rejoindre grand-papa René au jardin. Celui-ci s'étendait au pied de la Tour des Ecureuils, près de la porte de Grandcour. Des lézards grimpaient sur les pierres chaudes et séculaires du rempart. Le jardin était protégé de tout, placé en contre-bas d'un mur de pierres sèches. Un grillage en faisait le tour. Rouillé. On glissait nos petits doigts à l'intérieur de ses losanges pour en sentir le contour. ça grattait. Et puis parfois, on prenait le portail pour une balançoire en s'accrochant à la vieille porte de jardin qui nous suspendait dans le vide. Aux abords du jardin, on pouvait cueillir quelques boutons d'or et souffler sur quelques pissenlits. On piquait des petites tomates dans le potager, des framboises et du persil pour s'en mettre plein les dents et apprécier son goût si ample qui prenait tout le palais. Alors hier, quand j'ai senti ce goût de persil frais, j'ai pensé à ces petits moments qui ont fait notre enfance, ces petits rituels qui rythmaient nos vies et qui rendent nos souvenirs si doux.

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