La fenêtre même pas borgne.

 Il roule sur la pâte à biscuit , Noël est dans l’air, les enfants s’occupent des emporte-pièce. Ce rouleau me rappelle celui de mamie, qui pendait à la fenêtre « même pas borgne » de la cuisine de grand-maman. Fuselé, foncé, usé et bien lisse, il prenait sa retraite le long d’une fenêtre qui donnait sur le couloir. A travers le vitrage simple, on pouvait apercevoir les visiteurs, montant l’escalier de molière en s’aidant de la barrière en bois. Une fenêtre de cuisine qui donne sur le couloir, à quoi ça pouvait bien servir? Aux enfants, elle servait à guigner sans jamais avoir le droit de l’ouvrir, aux grands, elle empêchait de bien s’appuyer, à grand-maman, elle permettait de jeter un coup d’œil sur le corridor et ses passants; même si elle préférait guetter à l’autre fenêtre, qui donnait sur l’extérieur. De la rue montaient les salutations bruyantes de Milo, les motos pétaradantes, les touristes égarés ou les enfants rentrant de l’école. Elle se penchait au dehors pour croiser du badaud en espérant pouvoir faire un brin de causette. L’ouverture sur un monde, le sien. Mais cette ouverture pseudo-borgne alors? Peut-être permettait-elle à la lumière de se monter timidement à travers la cuisine du petit appartement. Elle éclairait le couloir...En tout cas , elle aurait pu inviter à la retrospection des habitants de l’antique cuisine. Mais l’ont-ils jamais remarquées cette  ouverture à soi?

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