Une proposition qu’on ne peut refuser.


Elle a mis du bleu sur ses paupières, elle a coiffé ses cheveux en chignon peu précis, elle a mis ses lunettes roses pour faire sérieuse et à la mode, son t-shirt porte la littérature en message, mais on ne le voit pas, son veston aux motifs Prince-de-Galle sur les épaules, elle est assise face à sa destinée. 

Sa rédemptrice est grande, mince, jeune, cheveux longs roux et bouclés, ancienne fumeuse, elle prend place face à elle. Elle est bienveillante, elle a aimé l’interroger et devra la prendre en photo, après le café. On est dehors, bien sûr, il fait froid mais le soleil guigne. 

La journaliste demande à l’enseignante « un p’tit truc », « tu imagines bien quoi » ? Une collaboration ! Non, ce n’est pas « un p’tit truc ». La brune aux yeux fardés n’en croit pas ses oreilles, elle feint de tomber par terre, mais sa chaise a des accoudoirs et le sol est mouillé. Alors oui, dix fois oui ! Consécration ! Reconnaissance ! Merci, merci ! La Providence a frappé à sa porte et il fait tout à coup grand soleil dehors et dans son cœur. 

A peine rentrée, la brunette s’installe à son écritoire et expose ses impressions : 

Quoi écrire ? Pour qui ? Pourquoi ? 

Lise, elle écrit pour s’amuser et amuser ; parce que ça lui plaît et parce qu’un soir d’hiver 2018, un écrivain lui a dit que c’était bien. Lise, elle écrit pour tous les lecteurs que ses textes trouveront ; elle écrit des instants qui l’ont inspirée. Une conversation dans un bus, un handicapé malmené par un chauffeur, une classe à bout de souffle à cause du confinement, des coronas mis(es) en bière, le lac et ses mouvements, sa petite plage, son amour pour l’Italie, des impressions à chaud quand elle vient d’écouter un opéra, les perles de ses mômes, ses souvenirs aux goûts et aux odeurs particulières, un peu d’histoire, une course d’école avec une amie, un atelier d’écriture, une réunion de lectrices dévoreuses de livres, un concert ou une expo. Ses lecteurs sont sa famille et ses amis, quelques lecteurs du Républicain (Estavayer) et maintenant, quelques Fribourgeois fidèles à leur quotidien ! Ainsi, la tribune donne la parole à la plébéienne pour qu’elle puisse y trouver plaisir et reconnaissance. Pourvu que ses écrits plaisent ! 

Mais plaire, qu’est-ce ? A quoi ça sert ? ça réchauffe le cœur, ça enjolive la journée, ça caresse ses envies, c’est comme la brise dans tes cheveux un matin d’été trop frais, ça frétille, ça papillonne c’est juste pour le plaisir du moment, un sourire à l’aurore. 

La plébéienne ne retrouve pas ses esprits. Elle divague en sautillant. « C’est bien à moi qu’on a demandé ça ? » « Et moi, je n’avais rien demandé ? » « C’est fou. » Après le blog, le papier. Est-ce un retour en arrière ? Au non ! C’est un retour au vrai : du virtuel au matériel.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Un déjeuner sur l'herbe.

C’est aussi ça l’Italie.

Les épaulettes