Théâtre du Châtelet, vendredi soir, du beau monde, des jeunes, des curieux. Un projet de l'IRCAM, l'ouverture du festival de la création musicale... On se dit pourquoi pas, il y a quand même la philharmonie de Paris qui joue. Le directeur du festival prend la parole : "Vive Manifeste, vive la musique, sur la ville et sur le monde!" On est d'accord. Trois ensembles musicaux sur scène, trois chefs en oreillette, un écran. Des bruits en écho, quelques accords, des fins de séquence de la télévision d'Allemagne repassées dix fois. Le concert ne semble avoir jamais commencé. Le public ne sait pas quand applaudir ; ni début, ni fin... L'auditeur n'attend qu'une chose : que cela finisse tant cette dysharmonie le dérange. Le musique contemporaine n'existe pas pour faire plaisir ou adoucir les moeurs. Elle ne fait pas pleurer sinon d'incompréhension. Elle est là pour faire réfléchir, remettre en question des certitudes. Alors on se dit que c'...
Il jette les paquets du self-retour dans sa camionnette jaune. C’est saoulant le « self-tout », on finit tout seul face à des paquets biscornus insatisfaisants et muets. Il en a marre de la solitude au cœur de la ville à ouvrir des armoires anonymes le long du mur de la Poste. Il transpire, il est rougeot , c’est fatigant. Quand il a fini son travail insensé, l’employé de la Poste se retourne pour prendre le volant de son véhicule. Il la regarde mi-inquiet, mi-attendri . Elle fout quoi cette jeune à regarder dans le vide au bout de sa clope? Elle a l’air perdue, triste, désabusée. Faut quand même lui dire quelque chose, qu’il l’a vue même si les autres la frôlent sans faire attention. - ça n’a pas l’air d’aller Madame. - Non non, ça va. Je vous assure. J’attends juste un ami. - Vous êtes sûre? - Oui oui. - D’accord alors bonne journée! Il s’en va au volant de son fourgon jaune. Elle repart titubant au bras de l’ami qui lui tend ce qu’elle avait demandé.
Des châteaux, à Estavayer, il y en a beaucoup. Trois paraît-il. On évoque rarement le quatrième ... le château d'eau. Bâtisse cylindrique érigée en bordure des champs, un phare de béton, repère des enfants quand on vient de Sévaz en voiture. Endroit prisé des apprentis-tagueurs, le réservoir d'eau de la ville staviacoise trône, visible de loin, en symbole de modernité, du temps qui passe tout en laissant vivre la cité. Dans le quartier qui jouxte la tour, on joue au foot, on fait une grillade, on se prête la voiture. Cet édifice est hideux. Pourtant, la tour de guet veille sur les gens venus nombreux dans les années nonante, fuyant la guerre souvent, les discriminations, la pauvreté, des conditions de vie impossibles. Les familles y restent car elles sont d'ici maintenant. D'ailleurs, on a changé de siècle, nouvel horizon, on a habillé le château d'eau de tags étudiés, c'est désormais une oeuvre d'art contemporain.
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